Constantin Brancusi Rare et exceptionnelle épreuve en bronze
Artexpertise.fr la référence en France de l’estimation en ligne de tableaux et d’objets d’art, est heureux de vous présenter sa dernière découverte, une rare et exceptionnelle sculpture en bronze de Constantin Brancusi conservée depuis 1906 dans la même collection.
Constantin Brancusi (1876, Hobita Roumanie – 1957, Paris)
« Portrait de Achille Baldé »
Rare et exceptionnelle épreuve en bronze à patine brune
Fonte à la cire perdue de Adrien-Aurélien Hébrard.
Signée « C.BRANCUSI » au dos et datée 1906.
Cachet du fondeur à l’arrière « A.A Hébrard, cire perdue ».
H. 45 cm ; L. 37 cm ; P. 27,5 cm
Lien vers la catalogue : https://cdn.drouot.com/d/catalogue?path=2315/135584/ARP_13_JUINdiff.pdf
Provenance : Historique concernant le modèle et l’acquisition initiale
Achille Baldé est né le 14 Juillet 1969 à Orgeval, commune des Yvelines, située à 3 km à l’ouest de Paris.
Parti sous les drapeaux en novembre 1890, il est libéré de ses obligations militaires en 1893. En 1894, il épouse Cécile Victoire Goupy, sœur de Eugène Magloire Goupy. Le mariage est célébré à Orgeval par le maire de la commune, Frédéric Chartier, qui est le cofondateur des Bouillons Chartier, sur l’acte de mariage, Achille BaldÃé est désigné comme garçon de café.
En 1898, Achille Baldé est domicilié à Paris, tout d’abord, rue de la Roquette, puis rue Montmartre ; puis au 7, faubourg Montmartre , adresse du Bouillon Chartier. Il travaille comme garçon de café, avant de s’installer dans sa belle-famille en 1900.
Contrairement à ce qu’indiquent diverses publications, concernant notre bronze de Brancusi, Eugène Magloire Goupy, beau-frère d’ Achille Baldé est un propriètaire terrien qui habite la région d’Orgeval et il n’a jamais été garçon de café ni propriètaire de restaurant.
C’est cependant bien Eugène Magloire Goupy qui fait l’acquisition du bronze représentant son beau-frère, communément dénommé par la famille « Portrait de Baldé ». Le bronze a été transmis de génération en génération, le propriètaire actuel de l’œuvre l’a recueilli de sa mère Lina Marthe Goupy, arrière- petite fille d’Eugène Magloire Goupy.
Le propriètaire actuel de l’œuvre indique également que son grand père lui a toujours dit que ce bronze avait été directement acheté à l’artiste, par l’intermèdiaire de Achille Baldé.
Exposition
1906 : Notre épreuve en bronze exposée dans l’atelier de l’artiste, 16 place Dauphine, Paris (fig. 1)
Oeuvre en rapport
15 avril – 30 juin 1906 : Le plâtre de notre sculpture (Portrait de M.G) exposé au Salon de la société des Beaux arts au Grand Palais.
Littérature en rapport
Zervos, Cahiers d’art 1957
S.24 « Tête d’homme » Bronze
« Portrait du gérant du restaurant dans lequel l’artiste lavait les verres au début de son séjour parisien » (2)
Lionel Jianou » Brancusi » Arted Éditions d’Art, Paris, 1963
Page 90 : « Portrait du gérant du restaurant » Oeuvre non retrouvée.
Geist, Sidney
1968. Catalogue N° 13 (reproduit).
Geist, Sidney
BRANCUSI. THE SCULPTURE AND DRAWINGS. New York, Abrams, 1975
N°17 (reproduit) (2)
Pontus Hulten, Natalia Dumitresco, Alexandre Istrati,« Brancusi » Flammarion, Paris, 1986 – N° 20 « Portrait de M.G », plâtre disparu (reproduit) (2)
Marielle Tabart, Doïna Lemny et Marie-Luce Nemo
« L’Atelier Brancusi » Album – Centre Georges-Pompidou, 1997
Page 64 : Un buste en plâtre « Portait de M.G ».
L’atelier Brancusi (La collection)
Constantin Brancusi Centre Georges Pompidou (1997)
Page 266, Le buste en plâtre « Portrait de M.G » (reproduit) (2)
Friedrich Teja Bar « Constantin Brancusi »
Métamorphosen plastischer form Editeur Dumont Köln, 1988
- N° 22 « Porträt von M.G (Portrait de M.G) (reproduit; daté 1905) (2).
- Page 335. Reproduction de la photo de l’atelier de Brancusi en 1906 (16 place Dauphine), au premier plan Otilia Cosmuta et Stefan Popescu, en haut à droite sur un socle de présentation, notre sculpture en bronze.
Archives
Fonds Constantin Brancusi (1866-1978)
Paris : Bibliothèque Kandinsky, Centre national d’art et de culture Georges-Pompidou
« Portrait d’un propriétaire de restaurant, plâtre patiné ? (vers 1905) (2).
Epreuve gélatino argentique. Legs de Constantin Brancusi, 1957.
N° d’inventaire : PH 177 B (Fig. 2)
Le plus parisien des sculpteurs Roumains
Constantin Brancusi est considéré comme l’un des artistes les plus influents de la première moitié du XXe siècle par son apport essentiel à la modernité, en ouvrant de nouvelles voies à la sculpture.
Décidé à parfaite sa formation de sculpteur, Brancusi arrive à Paris en 1904, à pieds selon la légende et rentre à l’école des Beaux arts l’année suivante, dans l’atelier d’Antonin Mercié.
Attiré par les travaux retentissants de Rodin et le vent nouveau qui souffle sur la capitale, Brancusi comme un grand nombre de jeunes artistes, trouve un contexte favorable au développement de nouvelles conceptions esthétiques, en rupture avec la tradition.
Très démuni, il travaille comme plongeur au « Bouillon Chartier » situé au 7 Faubourg Montmartre (Fig. 3) et sera même un temps chantre à la chapelle orthodoxe roumaine.
En 1906, il reçoit un certificat de l’école des Beaux arts et expose pour la première fois à Paris, au Salon de la société des Beaux arts au Grand Palais, un buste en plâtre intitulé par erreur « Portrait de M.G », le plâtre de notre sculpture en bronze que nous présentons dans cette vente.
La même année, Rodin qui remarque ses envois au salon d’Automne l’invite à travailler à Meudon comme assistant mais cette collaboration ne durera qu’un mois Brancusi déclarant que « rien ne pousse à l’ombre des grands arbres ».
A cette époque Brancusi subit encore l’influence de Rodin mais il est en pleine possession de son métier comme en témoigne notre sculpture.
Parallèlement, il travaille à des formes plus épurées, à la recherche de sa propre voie. Son œuvre vise de plus en plus à extraire l’essence des choses en simplifiant la forme.
Préférant un travail artisanal de la matière, il privilégie la taille direct du marbre et du bois; aucun modèle vivant dans son atelier, mais un confrontation direct avec la matière dans le but de créer des formes organiques proche de l’épure absolue, aux portes de l’abstraction.
Constantin Brancusi accordait une attention toute particulière à la disposition de ses sculptures dans son atelier et il en réglait la disposition selon un ordre particulier.
Grâce à Man Ray dont il est proche, il apprend la photographie et le développement et photographie toutes ses œuvres, de manière à fixer l’emplacement de chacune d’elle. L’atelier devient une œuvre d’art à part entière et permet au sculpteur de s’interroger sur la relation de la sculpture dans l’espace.
A la fin de sa vie, Constantin Brancusi ne produit plus et se focalise sur l’harmonie du lieu allant même jusqu’à remplacer les oeuvres vendues, par des tirage en plâtre pour ne pas perdre l’unité de l’ensemble.
En 1956 un an avant sa mort, Constantin Brancusi lègue le contenu de son atelier à l’Etat français; il comprend 137 œuvres, 87 socles, 41 dessins, des ébauches, 1 600 plaques photographiques, des meubles, des outils, sa bibliothèque.
Le Musée national d’art moderne le reconstitue partiellement tel qu’il était à la mort de l’artiste au Palais de Tokyo, puis une réplique exacte est construite en 1977 face au Centre Georges Pompidou.
Portrait de Achille Baldé, garçon de café chez Chartier
Notre sculpture en bronze « Portrait de Achille Baldé (1), garçon de café chez Chartier » est un bel exemple des toutes premières sculptures en bronze réalisées par Brancusi lorsqu’il arrive à Paris.
De facture relativement classique, Brancusi restitue à la perfection la physionomie du modèle et parvient à traduire la psychologie du personnage en s’appuyant sur des connaissances anatomiques acquises dans sa jeunesse.
Effectivement, après quatre années passées à l’École des arts et métiers (1894-1898), il entre à l’École des beaux-arts de Bucarest en 1898 et obtient sa première commande publique, un buste représentant le docteur général Charles d’Avila (Carol Davila). En 1902, il réalise, en assemblant les moulages qu’il a fait de chaque muscle d’un cadavre à la faculté de médecine, un Écorché en terre glaise qui montre une maîtrise exceptionnelle de l’anatomie.
Il a fière allure ce garçon de café parisien; les cheveux parfaitement coiffés, il arbore fièrement de belles bacchantes très en vogue au début du siècle, suffisants longues pour être courbées entre les doigts de manière à figurer un guidon de vélo. Une chemise blanche au col amidonné, un noeud papillon noir, un gilet à boutons et une veste courte, l’ensemble en général protégé par un grand tablier blanc tombant sur les chaussures, sur le bras gauche une serviette pliée d’une parfaite blancheur. Véritable institution à Paris, le garçon de café est un élément clef du café parisien.
Notre sculpture essentielle à la compréhension du cheminement de l’artiste et à l’appréciation globale de son oeuvre est un magnifique exemple du réalisme dans l’œuvre de Brancusi avant qu’il ne bascule définitivement dans la modernité.
Sa redécouverte constitue un événement important car la majeure partie de sa production figure dans les collections de grandes institutions internationales comme le musée Solomon R. Guggenheim, le Met ou le MOMA de New York, le musée d’art de Chicago, la Tate Modern de Londres ou au Centre Georges Pompidou (255 sculptures, socles, moules et meubles) et les oeuvres originales inédites proposées sur le marché de l’art international sont rarissimes.
Les fontes d’Adrien-Aurélien Hébrard
Notre épreuve réalisée par la fonderie Hébrard présente une fonte et une patine aux qualités exceptionnelles.
Les bronzes à la cire perdue produits par A.A Hébrard réputés pour la précision de l’empreinte et la qualité de la patine sont considérées par les amateurs comme les plus belles fontes jamais réalisées.
Pour atteindre un tel niveau de perfection, il recrute le fondeur Milanais Albino Palazzolo que Rembrandt Bugatti lui a présenté en 1903. Il joue un rôle capital chez Hébrard et son talent fera en grande partie la renommé de la fonderie.
En 1903, A.A Hébrard signe un contrat d’exclusivité avec Rembrandt Bugatti et réalise également des cires perdues pour Dalou, Falguière, Desbois, Bartholomé, Pompon, Bourdelle, Joseph Bernard.
En 1905, Albino Palazzolo exécute la délicate fonte du « Penseur » de Rodin, ce qui lui vaut les compliments du maitre.
En homme d’affaire avisé, A.A Hébrard limite les tirages à très peu d’exemplaires et fait signer des contrats d’exclusivité à ces artistes en devenir. Dans sa galerie de la rue Royale, il organise des expositions de sculpteurs et de peintres qu’il soutient; en 1904, première exposition de Rembrandt Bugatti, en 1905, exposition de Bourdelle.
Alexis Maréchal
Notes
1) Achille Baldé se marie en 1894 avec Cecile Victoire Goupy.
Le mariage est célébré à Orgeval par le maire de la commune Mr Frédéric Chartier qui est également le cofondateur des Bouillons Chartier; sur l’acte de mariage, il est désigné comme garçon de café.
En 1897, à l’occasion du recensement militaire, il est domicilé au 7 Faubourg Montmartre à l’adresse du bouillon Chartier. En 1906, année d’exécution de notre bronze, Achille Baldé est toujours garçon de café chez Chartier et sert de modèle à Brancusi.
2) Depuis 1906, toutes les descriptions successives de notre buste dans les ouvrages de référence ont été réalisées d’après la photographie du legs Brancusi déposée au centre national d’art et de culture Georges-Pompidou (Fig. 2) et décrit comme un plâtre patiné ? (vers 1905), intitulé « Portrait d’un propriétaire de restaurant ».
Hors aucune expertise visuelle de la sculpture n’a été réalisée puisque la sculpture avait disparue, toutes ces descriptions sont donc erronées et en observant attentivement ladite photographie on peut affirmer qu’il s’agit bel et bien de notre épreuve en bronze photographiée par Brancusi.
ART MODERNE ET CONTEMPORAIN Mardi 13 Mars 2023 à 16 h 00
En partenariat avec www.artexpertise-paris.com et le cabinet d’Expertise Alexis Maréchal.
Contact : Alexis Maréchal I contact@artexpertise.fr Tel : 06 80 17 85 27
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